Les blasés ne trouveront rien de spectaculaire dans ce titre, sauf que la dite Citroën est une vénérable grand-mère de 1919, restaurée remarquablement par un Pévèlois qui veut absolument rester discret pour ne laisser la vedette qu’à sa voiture. Nous le prénommerons André comme le fondateur des usines Citröen…
C’est un passionné à tel point qu’il nous manque le bon superlatif. André a acheté, en 1983, trois types A. Elles étaient en « mille morceaux », livrées brut dans un container SNCF métallique. Il n’a pas commencé tout de suite, d’autres voitures étaient à terminer. Mais il y a 10 ans, il s’est lancé dans le fastidieux puzzle des trois voitures, pour en faire au moins un. Finalement ce sera deux ; la seconde est bientôt terminée.
Patiemment, à force de recherches et d’ingéniosité, la voiture va être reconstituée comme lors de sa fabrication, dont il a retrouvé la photo sur les lignes de montage ! Les pièces manquantes ont été achetées dans des bourses spécialisées ou refaites en bois, comme les supports de la capote. C’était son métier à André…
Hormis la sellerie et la capote, tout est conforme. Les seules concessions qu’André a accepté de faire sont les clignotants, et de changer le pédalier, puisque les pédales d’accélérateur et de freins étaient inversées par rapport à nos autos. Pas question d’une immatriculation actuelle, vous imaginez !
D’une magnifique couleur blanche, conforme au nuancier d’origine, les chromes et boulons rutilant, les logos authentiques avec les deux chevrons sont partout, jusque sur les contre-portes.
Il est temps de tester la voiture, dont André nous dit qu’elle est difficile à conduire à cause de sa direction. Il faut des muscles pour la manœuvrer mais aussi se méfier car un coup trop fort et on sort de la route !
Vroum ! c’est parti ! Moteur et pont arrière se font entendre, maisl’impression est étonnante. Il n’y a pas de vitres latérales, grisant ! Aux ronds-points, on voit les forces qu’il faut pour tourner le volant en bois !
La voiture tient la route même si on imagine que sur les pavés d’alors les passagers devaient les ressentir. Les piétons restent bouche bée ; les voitures qui suivent n’osent doubler, sans doute par respect pour ce mythique bolide.
Mais déjà la promenade se termine, André rentre délicatement son chef-d’œuvre. Modestement, il témoigne toute son admiration pour ceux qui ont imaginé et construit ces voitures, tellement évoluées déjà en leur temps ! Nous aussi. Et si vous les rencontrez, n’hésitez pas à leur adresser un coucou, tous les deux méritent bien notre reconnaissance !
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