Carlos Tavares, le pilote au volant de PSA

Pourquoi Carlos Tavares pense-t-il pouvoir faire ce que les meilleurs esprits de General Motors n'ont pas fait avec Opel et renverser une compagnie automobile européenne pérenne et précaire?

Parce qu'il l'a déjà fait.

Tavares, 59 ans, a été nommé PDG du groupe PSA en 2013, alors qu'il accumulait des pertes et des décès imminents. Au cours des trois premières années de ce qui était supposé être un plan de redressement de cinq ans, il avait ressuscité le deuxième plus grand constructeur automobile de France et avait adopté un nouveau plan à long terme visant à accélérer ses progrès. La marge bénéficiaire d'exploitation de 7,4% de PSA au premier semestre de l'année dernière l'a fait entrer dans le top cinq parmi les constructeurs automobiles mondiaux, a déclaré Tavares.

L'opération Opel / Vauxhall qu'il a acquise l'an dernier pour 2,6 milliards de dollars auprès de GM lui rappelle ce qu'il a découvert lors de ses premiers mois chez PSA.

"Les chiffres que je vois d'Opel et les chiffres que nous avons vus de l'extérieur démontrent que la situation d'Opel est très similaire à celle de PSA en 2013", a déclaré Tavares lors du Congrès mondial de l'automobile. "Opel est PSA 2013."

"Faire tourner Opel est ma priorité n ° 1", a-t-il déclaré.

Prime allemande

L'attraction principale d'Opel n'était pas l'ampleur ajoutée, a ajouté M. Tavares, mais l'ajout de l'allemand aux marques très françaises de Citroën, Peugeot et DS de PSA. Alors que les ingénieurs français de PSA pourraient se demander pourquoi, selon Tavares, de nombreux consommateurs dans le monde accordent une grande importance aux marques allemandes, même traditionnelles, en les associant aux prouesses techniques des plus grands constructeurs automobiles de luxe.

"Opel est une marque allemande", a-t-il déclaré. "Ses modèles continueront à être conçus et fabriqués par des ingénieurs allemands, ce qui correspond parfaitement à notre portefeuille de marques françaises."

Pour ce qui est de l'ampleur ajoutée, a-t-il ajouté, cela ne vous procure que beaucoup: plus de pouvoir d'achat dans les relations avec les fournisseurs et plus de volume pour amortir les nouveaux investissements dans les produits et les technologies. Au-delà, cela pourrait tout aussi bien être une responsabilité.

Plus critique que l'échelle, a déclaré le pilote de voiture de course de longue date et passionné, sont la vitesse et l'agilité - être capable de s'adapter rapidement dans un monde automobile où le chaos est la norme et le rythme du changement est dicté par d'autres. La survie d'une entreprise dépend de cela, a déclaré Tavares.

"La vitesse à laquelle nous devons nous adapter n'est pas choisie par nous, mais elle est imposée par les régulateurs et en modifiant les comportements des consommateurs", a-t-il déclaré.

PSA prévoit de proposer des options de groupes motopropulseurs électrifiés pour l'ensemble de sa gamme de voitures et de camions légers d'ici 2025, rejoignant plusieurs autres constructeurs automobiles qui se sont engagés à déployer largement des groupes motopropulseurs électriques ou partiels pour réduire les émissions. D'ici là, a déclaré Tavares, PSA offrira 40 modèles électrifiés à travers ses cinq marques: Peugeot, Citroën, Opel, Vauxhall et DS.

"Nous voulons devenir le constructeur automobile le plus efficace ... pas le plus grand", a déclaré Tavares.

La mobilité d'abord

Dans l'ensemble, PSA, qui se prépare à retourner aux États-Unis, lancera 124 nouveaux modèles dans six régions du monde sur six ans, a déclaré M. Tavares.

Tavares a déclaré que son entreprise s'est également engagée à promouvoir la «liberté de la mobilité personnelle» sous diverses formes, y compris les véhicules autonomes. Il a indiqué que 80% des véhicules de l'entreprise auront la capacité de naviguer dans des conditions limitées d'ici 2030, et 10% auront une autonomie allant du niveau 4 au niveau 5.

La principale faiblesse de PSA n'est pas sur le marché nord-américain, a déclaré Tavares, un ancien responsable de l'exploitation de Nissan en Amérique du Nord. Cette question est traitée dans le cadre du plan d'action décennal, qui comprend l'introduction de services de mobilité et, ultimement, la vente d'automobiles aux États-Unis, une fois que PSA aura compris ce dont le marché a besoin.

«Un plan sur 10 ans nous donne le temps de bien comprendre ce marché crucial et de lancer les bons produits et services», a-t-il déclaré.

PSA a commencé à offrir des services de mobilité aux États-Unis l'année dernière et lancera cette année la location de voiture à court terme dans deux à trois grandes villes en utilisant des véhicules d'autres constructeurs automobiles. Il explore également des modèles de distribution innovants avant d'introduire ses propres marques.

Tavares a refusé de dire quelle marque PSA envisage de commercialiser aux Etats-Unis, mais a déclaré que le centre d'ingénierie d'Opel à Ruesselsheim, près de Francfort, sera le centre de compétences du groupe français pour l'ingénierie des futurs modèles conformes aux réglementations américaines