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Portrait de Thérèse Joder, Directrice de l'usine PSA de Rennes


Elle va devoir aller vite, sur un site en pleine transformation. Dans une usine où la production reste reine, la nouvelle directrice de PSA Rennes, Thérèse Joder, va aussi devoir convaincre les partenaires sociaux.

Bien collées l'une à l'autre au démarrage de l'entretien, trahissant une certaine nervosité, les mains de Thérèse Joder se détachent peu à peu au fil des questions. Parler de l'activité du site industriel n'est pas nouveau pour la directrice de PSA de La Janais, à Rennes, qui a pris ses fonctions l'été dernier. Avec une carrière entière passée chez le constructeur, elle maîtrise le discours de la maison. Mais s'épancher sur son enfance, très peu pour elle. Question d'éducation. Un parcours qui symbolise les vertus d'un ascenseur social que l'on dit aujourd'hui en panne mais qui a fonctionné à plein chez cette bonne élève.

Parents ouvriers
Originaire de la Haute-Marne (52), Thérèse Joder a grandi « dans la ruralité », comme elle le décrit elle-même. Son berceau se situe à Noncourt, au sud de Saint-Dizier. Un petit village de 250 âmes. Pudeur oblige, elle donne peu de détails sur son environnement familial. « Je suis d'origine modeste, mes parents étaient ouvriers. Nous étions cinq enfants », consentira-t-elle à dévoiler, sans plus.

Un environnement qui a forgé son caractère. « Je sais ce que je dois à l'école. Je sais ce qu'est la valeur travail », explique cette femme déterminée, qui pratique le jogging au point d'avoir bouclé à deux reprises les 20 km de Paris en 1 h 53. « Ce qui est important, ce ne sont pas vos origines, c'est ce que vous êtes capable de faire, avec la passion qui vous anime ». Une ligne de conduite partagée par ses frères et soeurs. « Ils ont tous fait des études supérieures ».

Sa première voiture : une 205 junior
Diplômée en 1990 d'une école d'ingénieurs à Lyon (l'INSA), Thérèse Joder n'est pas tombée par hasard dans l'automobile. Et encore moins chez Peugeot. Adolescente, elle est subjuguée par un modèle devenu mythique : la 205. Ce fut d'ailleurs sa première voiture. « Une 205 junior rouge avec deux options : l'appuie-tête et l'essuie-glace arrière », sourit aujourd'hui cette mère de deux enfants, dont le mari est originaire de Carnoët, pays de la Vallée des Saints, en Centre-Bretagne. Peugeot y est également une institution.

« Mes parents étaient très attachés. C'était donc une sorte d'évidence d'aller vers l'automobile ». À la sortie de l'école, elle postule chez la marque au lion, à Sochaux (Doubs). Et tous les trois à cinq ans, elle se voit proposer un nouveau challenge dans le groupe. Direction des études, ingénierie... De quoi lui offrir un univers différent à chaque fois. Jusqu'à cette fonction de directrice de l'usine de Rennes, en août dernier.
« Un baptême du feu »
Une femme à la tête de La Janais, ce n'était encore jamais arrivé. Et dans le groupe, elle est seulement la troisième à diriger une unité de production. De quoi interpeller ? « J'ai le sentiment que c'est plus une curiosité à l'extérieur du groupe qu'à l'intérieur », répond l'intéressée. Pas question d'endosser un rôle particulier chez PSA, qui reste, selon elle, très attentif au sujet de l'égalité hommes-femmes. « Mais j'ai envie de montrer à l'extérieur qu'être une femme dans l'industrie, c'est possible. C'est plus ce combat-là qu'il faut mener ».

Thérèse Joder est d'ailleurs déjà intervenue dans des établissements scolaires pour en parler aux élèves. À Rennes, la nouvelle directrice arrive dans une période particulière. « Un moment charnière », décrit-elle, après des années difficiles pour l'usine. « Un baptême du feu, elle est tombée dans " la mine " sur un site en transformation complète », confirme Didier Picard, délégué CFE-CGC, évoquant sa détermination. « Il y a un objectif et elle l'atteindra. Quand elle a un message à passer, elle va droit au but ».
« Un peu brut de pomme »
Succès commercial du Peugeot 5008, installation de la nouvelle ligne de montage d'ici à un mois et lancement de la fabrication du C5 Aircross à l'automne. « Le programme 2018 est extrêmement chargé, la feuille de route est copieuse ! », souligne la directrice. Laurent Valy, représentant CFDT, voit toutefois en elle un handicap : n'avoir jamais travaillé dans des services de production. « Elle a toujours géré une population de cadres et pas des ouvriers. Avec cette population, il faut davantage de pédagogie, prendre des gants. Or, elle est un peu " brut de pomme ". C'est le retour qu'on a des salariés ».

Une analyse que ne partage pas Didier Picard. « C'est quelqu'un de terrain quand même. Son passé technique est un atout pour la transformation de l'usine ». Les syndicalistes sont désormais curieux de voir comment elle va gérer le climat social. « Il va falloir qu'elle apprenne à travailler en proximité avec nous », estime Laurent Valy. « Elle part sur de bonnes bases et est dans l'écoute. On jugera sur la durée », complète Didier Picard. Thérèse Joder le sait, elle est observée de près.

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