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Le contrat social de PSA tient la route



Chez les syndicats de PSA, la " rupture conventionnelle collective " est passée comme une lettre à La Poste. Cette mesure choc des ordonnances sur le Code du travail voulues par Emmanuel Macron, qui permet plus de souplesse dans les plans de départs, a été validée par la majorité des partenaires sociaux, à l'exception de la CGT, dans un accord d'entreprise. Pourtant, la cure d'austérité est sévère avec 1.300 suppressions de postes, sur la base du volontariat. Pourquoi les syndicats de PSA sont-ils restés si sages ? " Nous avons obtenu des contreparties très avantageuses pour les salariés ", répond sans ambages Christian Lafaye, délégué syndical Force ouvrière (FO).

En effet, le constructeur a promis de recruter 1.400 personnes en contrat à durée indéterminée (CDI), en plus de 2.000 jeunes en alternance, et les volontaires au départ vont bénéficier d'un " package " avantageux, des actions de formation ou un congé senior pour les employés proches de la retraite. Le tout avec des indemnités qui vont bien au-delà du minimum légal. On est loin du projet de l'enseigne de prêt-à-porter Pimkie, qui voulait, en janvier, se séparer de 208 salariés via une " rupture conventionnelle collective ", mais sans donner de contreparties suffisantes, selon les syndicats. Ces derniers ont préféré s'en remettre à la loi, en activant un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), jugé plus favorable aux salariés.

Gel des salaires et flexibilité
A PSA, syndicats et direction ont construit un " modèle social " inédit. On se fait confiance. Et on arrive à dialoguer, même sur des sujets explosifs comme celui des restructurations d'usines. " Avec les graves difficultés du groupe, en 2012-2013, direction et syndicats ont appris à mieux se parler ", note Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail. Cette concorde inédite est même " un avantage compétitif ", selon un porte-parole de PSA. Ce modèle s'est construit dans la douleur : en 2012, l'actuel deuxième constructeur automobile européen, très dépendant d'un marché continental en crise, enregistre une perte historique de 5 milliards d'euros. Conséquence immédiate, un plan social drastique va supprimer 11.200 postes et fermer le site d'Aulnay-sous-Bois. Un épisode qui a mis à vif les nerfs des salariés.

Le groupe va mettre à profit cette période très difficile pour lancer un " nouveau contrat social " avec les syndicats. " Cela a été le point de départ d'une nouvelle ère pour le dialogue social, explique Anh-Quan Nguyen, délégué syndical central de la CFE-CGC. Tout le monde s'est mis autour de la table pour trouver des solutions. " Au menu, une cure d'austérité sans précédent avec le gel des salaires pendant trois ans et une plus grande flexibilité du temps de travail, afin d'améliorer la productivité des usines. Pour obtenir la signature de quatre syndicats (FO, CFE-CGC, CFTC, GSEA), la direction de PSA a fait une concession majeure : " Elle s'est engagée à ne pas fermer de sites en France, explique Frank Bon, le délégué syndical central CFTC. Nous avons également obtenu la garantie d'une production plancher d'1 million de véhicules par an, ce qui permet d'assurer la viabilité économique des sites. " Cet accord de compétitivité, signé en 2013, a été renouvelé en 2016 pour trois ans. " Grâce à la mobilisation des acteurs, nous avons pu renouer avec la performance économique avec trois ans d'avance par rapport à ce nous avions annoncé ", se félicite la direction de PSA.
Loin du modèle allemand

Mais après des années de sacrifice, la grogne monte dans les usines, selon la CGT, qui dénonce ces accords et notamment celui sur les salaires, signé en février dernier : "L'augmentation générale représente 19 euros mensuels pour un ouvrier, affirme Jean-Pierre Mercier, le délégué syndical central. C'est une véritable provocation : les salariés se saignent alors que l'entreprise engrange des milliards. "

L'autre marqueur du modèle PSA, c'est la mise en place d'une " co-construction ". Dès 2013, le groupe a décidé de partager des informations stratégiques et sensibles avec les syndicats comme le lancement de nouveaux modèles, les projets de R&D ou l'évolution de la masse salariale à trois ans. " Cela montre que la direction fait confiance aux syndicats pour bâtir un projet ", avance Anh-Quan Nguyen. Autre volet : depuis 2016, les syndicats sont associés très en amont lors d'une restructuration. " On peut faire remonter à la direction les problématiques du terrain, et ainsi trouver des solutions acceptables pour éviter la casse sociale ", commente Christine Virassamy, déléguée centrale CFDT.

Intraitable, la CGT juge la démarche " bidon ". " Les informations importantes ne nous sont pas divulguées, tempête Jean-Pierre Mercier. On a ainsi appris le rachat d'Opel par PSA dans la presse. " Et les syndicats réformistes admettent ses limites : " Nous sommes dans un entre-deux : certes, PSA a compris qu'il fallait écouter attentivement nos idées et nos revendications pour rendre le groupe compétitif, juge Frank Bon. Mais on reste loin du modèle allemand de cogestion, où les syndicats ont un droit de vote au conseil d'administration."

La CGT paie le prix de sa stratégie contestataire

Entre la CGT et la direction de PSA, la guerre est déclarée. En cause, une affaire qui oppose le groupe à neuf militants cégétistes de l'usine Peugeot de Poissy, condamnés en première instance, en novembre 2017, à cinq mois de prison avec sursis et 11 000 euros d'amende pour " séquestration et violences commises en réunion ".

Ils ont fait appel. " Cette accusation va trop loin, selon Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central CGT. On dit la vérité, on ne baisse pas la tête et cela gêne. " Depuis longtemps, la CGT dénonce les conditions de travail et les plans de compétitivité. Une stratégie contestataire qui ne paie pas dans les urnes : fin 2016, le syndicat a perdu sa première place au profit de FO.

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