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PSA : L'intégration d'Opel, un défi énorme


Intégré depuis un peu moins d'un an au Groupe PSA, Opel doit trouver sa place au sein de ce que Carlos Tavares présente comme un "champion européen de l'automobile". Cela passe par une utilisation rationnelle des bureaux d'études mais aussi une définition claire de l'identité des modèles. Pas gagné.

L'annonce du rachat d'Opel par PSA au printemps 2017 n'a pas manqué de susciter des réactions sceptiques. En se portant acquéreur de la tête de pont de General Motors en Europe contre 1,32 milliards d'euros, le constructeur français semblait à première vue faire doublon avec son offre actuelle. Comme Peugeot et Citroën, Opel est presque uniquement centré sur le marché européen, avec des modèles généralistes directement concurrents de leurs homologues de PSA. Voilà une situation qui n'est pas sans rappeler l'absorption de la filiale européenne de Chrysler (ex-SIMCA et Rootes) en 1978 pour un dollar symbolique, qui a donné naissance à Talbot… marque liquidée en 1986.

Pour autant, PSA ne veut pas que l'histoire se répète. "Nous pensons qu'il serait bon de créer un champion européen en joignant une société française et une société allemande", martelait Carlos Tavares en février 2017, alors qu'il dévoilait son intention de racheter Opel. Un peu plus d'un an après, on semble regarder le futur avec optimisme du côté de Rüsselsheim. "La marque Opel ne va pas être absorbée dans un grand groupe. Elle en fait partie intégrante", assure Christian Müller, directeur exécutif de l'ingénierie et de la qualité. "Nous voulons continuer à proposer des véhicules attirants dans vingt ans, dans cinquante ans."


Arrêter l'hémorragie financière d'Opel
Le premier chantier sera de rendre rentable Opel, lourdement déficitaire depuis de trop nombreuses années. Cela impose tout d'abord de réaliser un maximum de synergies, en vue de réduire les coûts de production et de développement. Si on excepte les Crossland X, Grandland X et Combo Life, conçus dans le cadre d'un partenariat avant le rachat, c'est la future Corsa qui sera la première Opel conçue sous l'égide de PSA.

Cette nouvelle génération d'Opel Corsa a été conçue en un temps record sur la nouvelle plateforme CMP, dédiée aux citadines du groupe. Cette base technique sera inaugurée par la DS 3 Crossback, petit SUV qui fera son apparition au prochain Mondial de l'Automobile de Paris. Développée en moins de deux ans, la nouvelle Corsa sera commercialisée en 2019, suivie l'année suivante par une inédite variante électrique, dénommée eCorsa.

L'apparition de cette nouvelle Corsa sur la plateforme CMP est un véritable revirement pour Opel. En effet, le constructeur allemand était déjà presque arrivé au bout du développement d'une nouvelle Corsa "faite maison", dont le lancement était prévu pour 2018. Si son avatar chinois, la Buick Excelle tout juste présentée, a vu le chemin des concessions, il n'en sera pas de même de la citadine allemande, dont l'étude est tout simplement partie à la poubelle.
Des coûts de développement diminués de 50 %

Pour autant, la mise au rebut de ce projet ne semble pas susciter de rancœur chez le constructeur, comme le souligne Flavio Friesen, directeur ingénierie et qualité. "Nous avons développé cette nouvelle Corsa en un temps record et avec un coût record sur la base de la nouvelle plateforme CMP. Et cela nous a permis de concevoir un véhicule encore meilleur que ce que nous aurions proposé". Aussi et surtout, cette nouvelle génération de Corsa a coûté 50 % de moins à développer que sa devancière. Et les synergies permettront d'atteindre une rentabilité de ce modèle qui n'était pas garantie avec le premier projet de Corsa, cousine de la Buick Excelle. Un point primordial vers la rentabilité de la marque Opel, prévue à l'horizon 2020 dans le plan Pace présenté par Carlos Tavares en novembre 2017.

Si le changement pour la Corsa a été brutal avec l'abandon total de la première mouture du projet, il a le mérite de fixer un but clair. Désormais, toutes les nouvelles Opel reposeront comme leurs sœurs Citroën, Peugeot ou DS, sur deux plateformes. La CMP qui sera donc inaugurée par les DS 3 Crossback, Corsa et Peugeot 208, mais aussi la EMP2, dédiée aux modèles des segments C et D, déjà utilisée par le Grandland X. De quoi faire un grand ménage au sein d'une gamme qui utilisait aujourd'hui neuf plateformes. Pour autant, la flexibilité de la plateforme EMP2 permet de couvrir tous les besoins de la gamme : elle laisse le choix entre quatre largeurs de voies, cinq empattements, deux types de trains arrière, une amplitude de 20 cm dans la hauteur de la position de conduite… De la grande berline au SUV compact, tout est possible.

La même rationalisation aura lieu au niveau des moteurs. Bien que les moteurs essence Opel soient tous récents et, dans certains cas, parfaitement adaptés au marché européen (en particulier le trois-cylindres 1.0), plus question de dépendre d'une manière ou d'une autre de General Motors. Opel se contentera donc de quatre familles de moteurs, tous conçus par PSA : deux essence (trois-cylindres EB et quatre-cylindres EP) et deux Diesel (1.5 DV et 2.0 DW). Auparavant, la gamme Opel faisait appel à pas moins de dix familles de motorisations.

Développement de l'électrique et de l'hybride rechargeable
L'offre de motorisations thermiques, qui constituera encore la colonne vertébrale de marque (PSA prévoit encore plus de 60 % de motorisations non-électrifiées à l'horizon 2030) sera doublée de propositions hybrides rechargeables et électriques pour chaque modèle de la gamme à l'horizon 2024, à commencer par une version de la Corsa dès 2020. Une aubaine pour Opel : "Sans la plateforme CMP, nous n'aurions pas pu commercialiser la eCorsa. Notre plateforme n'était pas prévue pour", explique Burkhard Milke, directeur systèmes électriques et électroniques. Notons tout de même que l'hybridation légère 48 V ne sera pas généralisée tout de suite, loin s'en faut. PSA accuse même un retard certain en la matière, annonçant cette solution pour 2022.

Reste que si la boîte à outils de PSA permet à Opel d'envisager toutes les fantaisies, il reste encore à définir clairement l'identité de la marque allemande, aujourd'hui diffuse. Il suffit pour s'en convaincre aujourd'hui de comparer le nouveau ludospace de la marque à ses cousins. Si le Citroën Berlingo avance des tarages de suspension souples et le Peugeot Rifter son look de SUV, son petit volant et son combiné d'instruments surélevé, le Combo Life n'a pas grand-chose pour se distinguer.

Frank Jordan, directeur de l'innovation et de l'ingénierie avancée, tempère ce constat. "Sur le segment des véhicules commerciaux, la différenciation apparaît moins importante. Les clients s'attachent avant tout à des critères rationnels. Et il faut souligner que le temps a manqué sur ces premiers modèles conçus en commun pour marquer l'identité Opel de manière aussi forte qu'elle le sera à l'avenir. Aujourd'hui, un client sait exactement ce qu'il va trouver dans une Citroën ou dans une Peugeot. Il doit en être de même d'une Opel. Nous voulons une différenciation marquée entre les cinq marques du groupe (Citroën, Peugeot, DS, Opel et Vauxhall, NDLR), nettement plus que chez certains de nos concurrents où il est parfois difficile de distinguer la version allemande et la version espagnole au sein d'une même catégorie."

Opel veut devenir le Volkswagen de PSA
Des déclarations qui ne doivent pas rester un vœu pieu, pour que les modèles à l'éclair trouvent leur place sur le marché. Déjà, des lignes de conduites sont données par Mark Adams, directeur du design. Un concept-car manifeste sera présenté dans quelques mois, annonçant le nouveau style d'Opel. Celui-ci doit affirmer son germanisme par une certaine simplicité des lignes (pas de surcharge dans le détail), un équilibre des volumes et un souci de qualité dans le détail. A l'intérieur, l'ergonomie se devra d'être parfaitement intuitive. Cela passera notamment par le maintien des commandes de climatisation physiques, alors que tout passe par un écran sur la plupart des Peugeot et Citroën. Enfin, les Opel devront se révéler très stables à haute vitesse, pour répondre aux besoins des conducteurs allemands sur les autoroutes à vitesse illimitée, les fameuses Autobahn. En somme, Opel semble vouloir devenir le Volkswagen de PSA, avec juste un peu moins de rigidité dans les lignes.

Quand on voit le redressement de Peugeot et Citroën, qui ont recouvré des identités claires en quelques années, on peut légitimement espérer qu'Opel suive le même chemin et arrive enfin à s'affirmer. Car aujourd'hui, le constructeur allemand n'est plus le fournisseur de produits génériques destinés à être vendus dans le monde entier sous plusieurs badges qu'il était sous la coupe de General Motors. Il est au contraire devenu un quasi-spécialiste, dont le rôle sera de personnaliser une base technique commune, en vue de séduire une clientèle différente de ses marques-sœurs présentes sur le même marché. C'est en somme la concurrence interne au Groupe PSA qui pourrait servir d'aiguillon à la créativité de la marque, alors qu'elle devait auparavant séduire sur les cinq continents.

Reste que ce centrage sur l'Europe semble aujourd'hui être le Talon d'Achille de PSA d'un strict point de vue stratégique. Voilà pourquoi Carlos Tavares lorgne vers l'Amérique du Nord, avec un siège installé à Atlanta depuis février, et une stratégie de reconquête étalée sur dix ans. A ce titre, Opel est un atout : le centre de Rüsselsheim a pour habitude de concevoir des modèles adaptés aux contraintes réglementaires des divers marchés visés. Voilà donc pourquoi il sera en charge de toutes les problématiques de "fédéralisation"

En somme, même si la marque Opel échoue à sortir du lot et doit, dans le pire des cas, disparaître, le centre technique et les usines allemands constitueront toujours des atouts pour le Groupe PSA. Voilà pourquoi Russelsheim est aujourd'hui en charge de nombreux développements pour la totalité des marques du groupe. C'est le cas de la qualité, de la conception des sièges, des systèmes de retenue ou encore des boîtes de vitesses manuelles. Par ailleurs, Opel est en charge de concevoir la prochaine génération de quatre-cylindres essence, sur la base de la famille EP. La répartition des tâches s'applique donc de manière rationnelle au sein du groupe. Le meilleur moyen de relever un défi qui ne semble pas gagné d'avance.

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